A quel jeu joue le chef de Wagner, Evguéni Prigojine ? Selon une enquête du journal The Washington Post, publiée dimanche, le patron du groupe paramilitaire russe aurait proposé aux Ukrainiens un "deal" en janvier dernier : si les troupes de Kiev acceptaient de se retirer de Bakhmout, ville de l'est de l'Ukraine devenue l'épicentre des combats depuis des mois, alors Evguéni Prigojine leur révélerait la localisation des troupes russes, une information cruciale à l'heure de la contre-offensive ukrainienne. L’offre aurait été formulée à plusieurs reprises par le biais des contacts que possède Evguéni Prigojine au sein des renseignements ukrainiens, d’après le journal américain, qui s'appuie sur des documents confidentiels et des sources au sein des renseignements ukrainiens et US. Une rencontre entre les deux camps aurait même été organisée dans un pays africain qui n'est pas nommé par le média. L'Ukraine aurait cependant refusé la proposition, doutant de la sincérité de celui qui combat en première ligne pour Moscou et a longtemps été considéré comme l'homme de main du Kremlin avant de prendre ses distances ces dernières semaines. Ainsi le 9 mai dernier alors que la Russie commémorait "sa" victoire contre l’Allemagne nazie, le patron du groupe de mercenaires Wagner a publié une longue vidéo dans laquelle il a accusé, une fois de plus, le commandement des forces russes en Ukraine de priver délibérément ses hommes des munitions nécessaires pour se battre à Bakhmout. Plus grave : il a également accusé l’armée de "fuir" ses positions défensives autour de ce verrou stratégique et suspecter Valeri Guerassimov, chef de l’état-major russe, ainsi que le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, de cacher la réalité de la guerre au "commandant suprême". Du coup, "le papy [dedouchka] bienheureux pense que tout va bien", a-t-il enchaîné. Connu pour son langage fleuri, Evguéni Prigojine a néanmoins certainement franchi une limite en publiant ce message. Car pour la presse russe en exil il ne fait aucun doute que c’est une référence au surnom "Papy bunkerisé" donné à Vladimir Poutine par les Russes depuis le Covid. À l’avant-poste des opérations en Ukraine avec ses "Wagner", qui est véritablement le sulfureux Evguéni Prigojine ? Quels sont ses liens réels avec l’état-major russe ? A-t-il tenté de négocier avec Kiev contre l’armée russe ? L'intéressé a fermement démenti les informations du Washington Post lundi, qualifiant les accusations de "risibles". De son côté, le président ukrainien n'a pas confirmé le moindre contact entre Kiev et Wagner alors qu’il effectuait le week-end dernier une mini-tournée européenne. Avant de lancer une contre-offensive destinée à reprendre un maximum de territoires occupés par la Russie, Volodymyr Zelensky était en visite à Rome, Berlin et Paris pour s’assurer de l’appui de ses alliés européens. Il a notamment obtenu de nouvelles livraisons d’armes : des blindés, des missiles, des munitions… ainsi que l’ouverture de la formation de pilotes de chasse ukrainiens en France et au Royaume-Uni. De son côté, la Russie a lancé dans la nuit de lundi à mardi une nouvelle vague d’attaques aériennes contre la capitale ukrainienne quelques heures après le retour de Volodymyr Zelensky dans son pays. Dimanche, le Kremlin avait également officialisé la mort de deux de ses colonels dans la région de Donetsk où les combats font rage. Quelle est la situation en Ukraine ? Annoncée depuis avril, la contre-offensive de l’armée ukrainienne est-elle en train de se dessiner ? Et que se passe-t-il en Russie ? Evgueni Prigojine est-il en train d’échapper à Vladimir Poutine ? Nos experts : - Guillaume Ancel, ancien officier et écrivain - Ksenia Bolchakova, journaliste et réalisatrice – "Capa Presse" - Sergueï Jirnov, ancien officier supérieur du KGB et auteur de "L’Escalade" - Christine Dugoin-Clément, chercheure en géopolitique Retrouvez-nous sur : | Notre site : http://www.france5.fr/emissions/c-dan... | Facebook : https://www.facebook.com/Cdanslairf5/ | Twitter : https://twitter.com/CdanslairF5